Le guide complet 2023 de l'investisseur suisse débutant | Chapitre 1 — Commencer par le "Pourquoi"

Dernière mise à jour: 14 avril 2024

Ça fait 18 mois qu’Olivia est sortie de la bourse après avoir eu son rendez-vous cauchemardesque avec M. Henri. Depuis, elle s’est concentrée sur sa carrière. Cela lui a valu une promotion à un poste de manager dans une nouvelle société, avec une belle augmentation à la clé. Ce changement l’a incitée à chercher une solution pour faire fructifier son argent un minimum. Elle a ouvert un compte épargne bloqué chez SBU à 0.2% après avoir recherché la meilleure option sur le comparateur MoneyLand.ch. Elle s’est faite une raison en se disant qu’il valait mieux prendre son temps pour arriver à accumuler un petit pactole plutôt que de se brûler les ailes à vouloir devenir riche en une nuit. Avec ce système, elle espère pouvoir passer à 80% au boulot dès ses 50 ans.

C’est mardi matin, et Olivia boit son thé dans le wagon restaurant de son Intercity pour Genève (là où elle travaille maintenant). Elle reçoit un SMS de son ancien manager John à qui elle avait demandé des conseils récemment avant de commencer dans son nouveau boulot :

“T’as vu la nouvelle licorne MedTech de l’EPFL ? C’est les mêmes fondateurs que la startup dans laquelle on avait investi à l’époque !!! J’ai réinvesti dedans il y a 9 mois. Je t’avais bien dit que leur idée avait du potentiel ! Regarde ‘Le Temps’, il paraît qu’ils vont bientôt faire leur entrée en bourse !!!”

Olivia va voir l’article sur son iPhone, lit en diagonale, et devient toute pâle… La startup MedTech est repartie du même concept mais s’est adressée au marché — beaucoup plus lucratif — des entreprises plutôt que celui des particuliers. Ils viennent d’annoncer le dépassement du milliard de CHF de valorisation. Leur IPO (i.e. entrée en bourse accessible au public) est prévue pour dans quelques semaines.

Elle commence à se sentir mal quand elle pense à l’opportunité de gains qu’elle vient de rater. Elle aurait pu passer à 50% au boulot avec ça. En arrivant à la gare Cornavin, elle annule son workshop de 10h feignant une migraine. Et elle se dirige au Starbucks du quai des Bergues — celui avec la vue sur le jet d’eau. Sur le chemin, elle se morfond en se disant qu’elle aurait dû rester en contact avec John.

Elle passe la matinée à lire tous les articles qu’elle peut trouver sur cette licorne. Elle cherche des infos dans l’Agefi et la NZZ sur comment ils ont réussi à lever de nouveaux fonds après une faillite, ainsi que sur leur croissance exponentielle en moins de deux ans. Après plusieurs heures, elle conclut que ça reste beaucoup trop risqué de parier sur un seul cheval. Surtout que lors de l’entrée en bourse, rien n’est dit que le public sera du même avis que les investisseurs. Elle a déjà eu écho de l’histoire similaire d’une startup américaine dont le cours avait dévissé juste après leur introduction en bourse.

Elle se sent soulagée car elle pense que sa stratégie conservatrice de compte épargne et de placement en or est plus sécuritaire et moins stressante pour parvenir à son objectif de réduction de temps de travail. Mais ce soulagement n’est que de courte durée, car un autre doute lui passe par la tête : “N’empêche, si j’arrivais à atteindre ne serait-ce que 4% de rendement, je pourrais envisager un temps partiel beaucoup plus tôt !”

Elle se dit qu’elle doit ré-évaluer sa stratégie.

Tu reprendras bien un peu de licorne ?

Tu reprendras bien un peu de licorne ?

Peut-être que maintenant elle devrait demander conseil à son cousin qui investit en immobilier, puisqu’elle a vu que la bourse n’était pas faite pour elle ? Ou bien est-ce que les prêts de particulier à particulier (aka P2P) pourrait faire partie de son nouveau portefeuille, ne serait-ce qu’à hauteur de 10% pour dynamiser le tout ?

Un million d’idées lui passent par la tête. Par où doit-elle commencer ?

Elle décide de contacter William pour avoir son avis. Olivia le connaissait de son premier job. Comme elle, il avait commencé à investir à cette époque. Lorsqu’elle et John (et leurs autres collègues) avaient des débats intenses autour de la bourse durant la pause de midi, William ne parlait pas beaucoup. A chaque fois qu’on lui demandait sa stratégie d’investissement, sa réponse “J’investis dans l’indiciel et j’ai acheté un appartement de rendement” sonnait comme trop ennuyeuse au milieu des discussions enflammées de quelle startup allait réussir à percer.

Oliva s’était retrouvé avec William durant sa formation EMBA l’année passée. Elle avait appris qu’il investissait toujours de la même manière qu’à l’époque où ils étaient collègues. Il semblait posé et réfléchi quand il en parlait. Et selon ses explications, ça semblait bien marcher. Il tournait autour de 7% de rendement annualisé avec la bourse, et il avait revendu son appartement locatif avec un rendement annualisé de 12%.

Elle lui envoie un WhatsApp, en lui expliquant brièvement sa situation, et lui demande s’il aurait le temps pour aller manger un morceau ces prochains jours. L’après-midi même, il lui répond :

“Volontiers. J’ai une séance sur Lausanne demain, si ça joue pour toi, on se retrouve au resto vers Ouchy où on allait manger avec l’équipe EMBA.”

Olivia découvre la DPI

Olivia arrive en avance au restaurant, et demande à avoir une table dans un coin tranquille pour pouvoir s’entendre causer. En s’installant, elle voit qu’elle a reçu un message de William :

“J’arrive vers 12h15, ma séance s’éternise… désolé !”

Elle se sert de ce contretemps pour organiser ses pensées sur un coin de table :

  1. Définir dans quoi investir entre immobilier, P2P et actions, et à quelle fréquence
  2. Effectuer les démarches nécessaires pour l’immo
  3. Ouvrir les comptes nécessaires pour le reste
  4. Suivre ma stratégie à la lettre

C’est alors que William arrive.

“Désolé pour mon retard Olivia. Je suis sur un gros dossier avec un fournisseur en Chine, et on est en train de finaliser les derniers détails avant la signature. J’ai failli repousser notre lunch, mais tu m’avais l’air pas mal stressée, raconte-moi.”

Olivia lui résume sa situation, depuis ses débuts en bourse avec la fameuse MedTech de John, en passant par son “conseiller” de SC et les frais pour sa Porsche, jusqu’à son compte épargne bloqué SBU pour un rendement de 0.2%.

Elle en vient au récent message de John, et à son propre “self-control” de ne pas se refaire avoir par ses vieux démons de gains rapides. Puis elle lui montre le plan qu’elle a en tête.

William écoute patiemment, et lui pose une simple question :

“Pourquoi tu veux investir en fait ?”

Elle lui explique qu’elle aimerait bien passer à temps partiel un jour, et qu’avec ses simples économies ça va prendre du temps :

"…Du coup avec ton plan, ça va quand même bien te prendre plusieurs mois pour acquérir un premier bien immobilier. Et ça c’est sans parler de toute la gestion administrative qu’il te faudra faire durant la première année. Ça va te prendre pas mal de soirées."

“Ah bon ? Non mais moi je veux que ça aille plus vite, et je ne veux pas y consacrer ma vie une fois que c’est acheté !” s’exclame Olivia.

“OK, laissons ce point de côté pour le moment. Tu parlais aussi d’investissements P2P. Ça semble intéressant, j’ai regardé vite fait, et effectivement tu peux t’en tirer avec du 8-14% en ce moment suivant ta stratégie.”

Vue sur les quais et le port d'Ouchy à Lausanne

Vue sur les quais et le port d'Ouchy à Lausanne

William ajoute : “Par contre, c’est encore tout frais comme marché, et début 2020, il y a deux plateformes qui ont fermé du jour au lendemain. Les sites web n’étaient plus accessibles. Plus rien. Les gens ont tout perdu, c’était une arnaque. Y’a quand même des plateformes qui paraissent sérieuses, mais il faut bien rechercher, et surtout être prêt à perdre des billes car c’est pas mal risqué au final. C’est pas comme une entreprise qui génère du cash. Là tu prêtes à des individus qui n’ont généralement pas accès aux prêts bancaires en raison de leur situation financière. Qui plus est, il te faut bien analyser les sociétés de prêt intermédiaires aussi.”

Olivia n’est pas entièrement convaincue car elle a lu d’autres choses plus positives sur le P2P, mais elle hoche la tête quand même en signe d’acquiescement.

“OK…mais il faut quand même bien que je me lance dans quelque chose rapidement. Parce que le temps est mon allié, avec la fameuse magie des intérêts composés.”

“Je suis complètement d’accord avec toi sur ce point. Il faut que tu te lances rapidement si tu veux que ton argent travaille constamment pendant que toi tu vaques à tes occupations.”

“Mais du coup pour ça, que ce soit immobilier, P2P, ou même des actions, il faut que je trouve les bons plans de quoi acheter et à…”

William lui coupe la parole : “Il faut que tu te crées une DPI.”

“Une DPI ?”

“Une déclaration de politique d’investissement.”

“C’est genre une stratégie pour dire dans quoi on investit et à quelle fréquence ?”

“Si on veut…mais pas vraiment…une déclaration de politique d’investissement est une déclaration qui définit en premier lieu tes objectifs de vie. Ensuite, tu y définis les stratégies que tu vas utiliser pour atteindre ces objectifs. Ça contient des infos comme la liste de tes actifs actuels, l’allocation idéale de ces derniers et de ton futur portefeuille, ta tolérance au risque, et tes besoins en terme de liquidité de tes investissements.”

A ce moment-là, le smartphone de William vibre sur la table.

“Désolé, apparamment il y a nouveau point bloquant pour mon contrat avec les chinois, je dois vraiment filer j’ai pas le temps de prendre le café. Mon meilleur conseil pour le moment c’est que tu lises tout ce que tu peux sur la DPI. Regarde sur des sites comme Boglehead, c’est en anglais et le terme c’est ‘IPS’ pour Investor Policy Statement. Une fois que tu as compris le principe, crée la tienne.”

Olivia interjecte : “Mais c’est pas un peu ’too-much’ de faire ça juste pour des investissements ?”

“Non non, au contraire. Il faut vraiment que tu passes par cette première étape d’introspection car ton pire ennemi en investissement, c’est toi-même. Je me suis aussi fait une DPI et heureusement que je l’avais durant la dernière crise, car sinon j’aurais perdu pas mal d’argent en pensant être plus intelligent que la moyenne. C’est comme une marche à suivre au boulot. Une fois qu’elle est définie, tu la suis à la lettre. Rappelle-moi une fois que tu as créé la tienne et je te donnerais mon avis si tu veux.”

Olivia remercie William pour son temps pendant que ce dernier paie en vitesse et sort en trombe du restaurant.

Déclaration de Politique d’Investissement
ActifsTout ce que tu possèdes
DettesTout ce que tu dois rembourser
Pourquoi je veux investir ?La question la plus importante
Profil de risqueLa seconde question la plus importante
Allocation d’actifsQuel pourcentage dans quoi
AlternativesL’argent que tu veux investir dans des trucs risqués, et tu t’en fiches si tu perds tout
Monitoring & contrôleFréquence et manière de contrôler ton portefeuille
Philosophie d’investissementLes préceptes qui s’appliquent à tous tes investissements

Exemple d’une “Déclaration de Politique d’Investissement”

Deux semaines plus tard…

Ça fait deux semaines qu’Olivia a lunché avec William. Elle va le rencontrer de nouveau autour d’un café avant d’aller au boulot, afin de lui montrer là où elle en est.

“J’ai suivi ton conseil. J’ai lu tout ce que j’ai pu sur la DPI et aussi le terme IPS en anglais comme tu m’as indiqué. C’est cool car j’ai vraiment pu réfléchir à mon objectif de vie.”

Et elle lui sort son brouillon :

Déclaration de Politique d’InvestissementOlivia (premier brouillon)
Pourquoi je veux investir ?Passer à 70% pour mes 45 ans (pour mes projets perso et avoir du temps pour moi)
Profil de risqueCapable d’encaisser de la volatilité comme j’y suis pour le long terme
Allocation d’actifs50% immobilier, 30% actions réputées, et 20% prêts P2P

Elle lui détaille son choix d’allocation d’actifs : “J’ai lu un peu sur la bourse, et je garde une préférence pour l’immobilier car j’aime l’idée d’avoir des loyers qui tombent chaque mois. Et idem, je pense quand même tester entre 15-25% en prêts P2P en plus d’actions de sociétés renommées. Donc pour le moment je me dis 50% immo, 30% actions réputées, et 20% prêts P2P. Mais je veux continuer à lire sur ces sujets pour peaufiner mon allocation d’actifs idéale. Une fois que ça sera fait je pourrais me lancer. Il faut aussi que je regarde pour placer une partie de mon 3a mais je le ferais après coup.”

“Ça me paraît un bon début.” répond William, en se disant qu’elle a omis plusieurs points. Il en reparlera plus tard.

Mais d’où t’es venue cette idée d’allocation de portefeuille ?" continue William.

“J’ai réfléchi par moi-même sur ce qui n’avait pas marché dans le passé et ce qu’il fallait que j’évite, genre les startups montantes du moment. Ensuite j’ai discuté avec mon cousin qui s’y connaît en immobilier et dans d’autres types d’investissements. Et mon allocation ne le choquait pas.”

“OK. Mais juste pour être sûr, est-ce que tu as une bonne vision d’ensemble des différents types d’investissement ? En tout cas les investissements conventionnels et alternatifs les plus connus, avec leurs rôles, rendements, et risques associés ?”

Olivia a l’air un peu surprise. “Conventionnels et alternatifs ? Non. Au niveau de leurs rôles, ben ça me paraît logique, au final le but c’est de générer du cash. Et je sais que la bourse c’est risquée, et que l’immobilier ça reste une valeur sûre comme c’est de la pierre.”

“J’avais la même vision quand j’ai débuté mon parcours d’investisseur. Et je me suis rendu compte que c’était important d’avoir cette vue d’ensemble pour établir une bonne stratégie en toute connaissance de cause. En très grossier et sans jargon, il existe deux types d’investissements. Les investissements dits conventionnels sont le cash, les actions, et les obligations. Les deux derniers sont des choses que tu achètes en bourse. Et puis tu as tous les autres investissements dits alternatifs comme l’immobilier, l’or, les prêts P2P, le fait d’acheter des actions dans une startup ou une société privée non-côtée en bourse, les crypto-monnaies — bien que ce dernier truc c’est plutôt comme jouer au casino mais bref.”

Il enchaîne : “On parle d’investissements ‘alternatifs’ car ces derniers sont souvent moins liquides (i.e. tu ne peux pas les vendre aussi facilement qu’en un clic sur la bourse), et historiquement ils n’étaient accessibles qu’aux investisseurs institutionnels (genre les gestionnaires de fortunes professionnels ou les assurances) bien que maintenant ça se soit démocratisé.”

William sort son Moleskine et lui esquisse le tableau suivant :

Type d’investissementRendement moyen espéréRisques
Conventionnels
- Actions5-8%Moyen à élevé
- Obligations-1% à +5%Bas à moyen
Alternatifs
- Immobilier4-35%Moyen à élevé
- Or, et autres métaux précieuxn/aMoyen à élevé
- Prêts de particulier à particulier5-14%Elevé
- Crypto-monnaiesn/aElevé

“Ah ben tu vois que j’ai raison avec mon immobilier ! A moi le temps partiel !” s’exclame Olivia.

“Oui c’est correct comme raisonnement. Mais regarde si je t’ajoute une colonne avec les efforts que ça prend :”

Type d’investissementRendement moyen espéréEfforts
Conventionnels
- Actions (choix manuel)2-7%+++
- Actions (via fonds)5-8%+
- Obligations (choix manuel)-1% à +5%+++
- Obligations (via fonds)-1% à +5%+
Alternatifs
- Immobilier (en nom propre)4-30%+++
- Immobilier (via crowdfunding)4-6%+
- Immobilier (via fonds)5-8%+
- Or, et autres métaux précieuxn/a+++
- Prêts de particulier à particulier5-14%+++
- Crypto-monnaiesn/a+++

“Un signe ‘+’ signifie ‘15 minutes / trimestre’. Et quand j’ai mis un signe ‘+++’, ça veut dire plusieurs heures par semaine.” précise William.

La joie disparaît d’un coup du regard d’Olivia. “Ah. Donc du coup là avec ton second tableau j’en reviens au point de départ. Je veux vraiment pas y passer des heures par semaine. Je pensais au pire me diriger vers de l’immobilier en crowdfunding mais en fait ça m’a pas l’air si intéressant que ça au final. Car si je comprends bien il faut que je prenne soit de l’immobilier via un fond, soit des obligations, ou soit des actions. Comment je fais pour choisir ?”

“En fait si tu dissèques chaque option pour comprendre à quoi elle sert dans un portefeuille, ça clarifie pas mal de choses.” répond William.

Il continue : “Pour te la faire courte car je vais devoir partir au boulot dans cinq minutes : les actions servent à augmenter ta fortune et à te protéger de l’inflation. Dans l’idée, si t’as 2-3% d’inflation, tu préfères être investie en actions avec un rendement de 5-8% pour faire fructifier tes sous plutôt que de voir ton cash se dévaloriser en banque sur un compte épargne avec son taux ridicule…”

William voit qu’Olivia rougit suite à sa dernière phrase, mais décide de l’ignorer et enchaîne :

“Concernant les obligations, c’est ce qu’on appelle un investissement à ‘revenus fixes’ car ce n’est rien d’autre qu’un prêt que tu fais à des pays ou des grosses boîtes. Et ces derniers te remboursent régulièrement avec des intérêts. En plus, alors que les actions protègent ton cash de l’inflation, les obligations quant à elles te protègent de la déflation car tu es toujours remboursée le même montant avec des intérêts, et ce même si les prix de tout ce que tu achètes baissent.”

“Juste pour être sûr, on est d’accord que l’inflation c’est quand tes CHF te permettent d’acheter moins de choses aujourd’hui qu’hier car les prix ont augmenté. Et la déflation, c’est quand mon pouvoir d’achat augmente car les prix baissent genre comme durant la dernière récession. C’est juste ?”

“Correct.” confirme William. “Et du coup, l’immobilier de son côté ça te permet aussi de lutter contre l’inflation, et surtout ça te diversifie de la bourse. Après, faut prendre ça avec des pincettes car quand t’achètes des fonds d’actions tu possèdes aussi de l’immobilier via les sociétés dans lesquelles tu investis, à hauteur d’environ 3-5%. Et selon certaines études, le risque de l’exposition au secteur de l’immobilier n’est pas suffisamment récompensé par les fonds pour que ça en vaille la peine.”

“Et du coup, je ne prendrais quand même pas un peu d’or ?” demande Olivia.

“Oublie ça ! Je croyais que ça pouvait être un bon refuge comme le commun des mortels y’a pas si longtemps. Mais j’ai appris, et ce via des papiers économiques sérieux, que oui ça peut protéger ton argent mais genre si tu penses vivre 2'000 ans. Sinon, ça ne vaut pas le coup.” répond William du tac au tac.

“OK, alors partons sur actions, obligations, et peut-être de l’immobilier. Le tout via des fonds comme tu as écrit. Ça me paraît le plus adapté à mon profil. C’est quoi du coup maintenant la procédure pour choisir ce qu’il me faut ?” s’impatiente Olivia.

“Attends, vas pas si vite, on dirait moi quand j’ai commencé !” lui répond William. “Finissons déjà ta DPI pour être sûr que tu es confiante avec chaque point. Laisse-moi récapituler en comblant certains points, et tu me dis si on est bien alignés.”

William prend une nouvelle page de son Moleskine et résume :

Déclaration de Politique d’InvestissementOlivia (second brouillon)
Actifs- CHF 257'000 sur compte épargne SBU à 0.2%
- CHF 78'000 sur pilier 3a
DettesPrêt auto avec CHF 9'300 encore à rembourser
Pourquoi je veux investir ?Passer à 70% pour mes 45 ans (pour mes projets perso et avoir du temps pour moi)
Profil de risque8/10 (1 = inimaginable de perdre ne serait qu’un CHF 1, et 10 = je peux survivre à des bas de la bourse de -50% de la valeur initiale de mon portefeuille)
Allocation d’actifsActions et obligations, et peut-être immobilier (les % sont encore à définir)
AlternativesPeut-être garder 1% de marge pour pouvoir “jouer” avec par exemple des prêts P2P
Monitoring & contrôle- Revisiter ton allocation chaque trimestre
- Ne pas stresser au % près, ce sont des estimations
- Comparer mon portefeuille à un indice semblable pour voir sa performance (par exemple le SMI si tu choisis un fond le reproduisant)
Philosophie d’investissementEncore à définir

“T’en dit quoi ?” interroge-t-il Olivia.

“Et juste pour préciser, un 8/10 en profil de risque, ça correspond à ce que j’ai vécu durant la dernière crise boursière. En gros, mon portefeuille est passé de CHF 158'500 de valeur nette à CHF 103'000. Et ce en moins de trois semaines ! Ça fait quasiment du -35% !”

“Ah ouais quand même pour les -35%. Nan mais ça va, ça me paraît bien. Y’a dix ans je n’aurais pas été capable d’un tel self-control mais aujourd’hui si. En tout cas, je commence à y voir plus clair. Mais par contre, c’est quoi cette histoire de philosophie d’investissement ?”

“Je suis content que tu me poses la question !” lui répond William.

Il continue : “En matière d’investissement, il y a des préceptes de bases à connaître pour un investisseur ‘intelligent’ suisse. Ça m’a pris du temps à les assimiler mais si je peux t’aider à aller plus vite, ça ne pourra que t’être bénéfique sur ton nouveau chemin d’investisseuse.”

“Cool, j’te remercie William. Mais concrètement, je fais quoi maintenant ? Je retourne à l’uni en cours de philo ?!” blague-t-elle.

William est en train de payer l’addition en lui expliquant : “Lis quelques lettres annuelles de Warren Buffet. Commence par celles de 1996 et 2008 si je me souviens bien, y’a des pépites dedans. Et aussi, google un coup ‘interview Jack Bogle’, c’est un autre sage de la finance à connaître. Récris-moi quand t’as pu analyser tout ça, et on mange ensemble pour débriefer.”

  1. Savoir pourquoi tu veux investir est la base
  2. Définir ton niveau de risque est la seconde chose la plus importante
  3. Car ton pire ennemi dans l'investissement, c'est toi-même
  4. Il existe des investissements conventionnels et alternatifs
  5. Chaque type d'investissement a ses propres rendements et risques, et aussi une charge de travail associée
  6. Une Déclaration de Politique d'Investissement (aka DPI) te permet de résumer toute ta stratégie en une seule page A4

Prochaine étape

Dans le prochain chapitre, Olivia va apprendre les principes clés d’un investisseur suisse Mustachian. Ça lui permettra de finaliser sa DPI afin de se lancer dans ses investissements de manière éclairée.


Comme d'habitude, je n'écris et ne passe en revue que ce que j'utilise dans ma vie quotidienne ou ce en quoi j'ai confiance.

Merci de ta lecture!