Pourquoi je passe de la stratégie Bogleheads au 100% actions

Dernière mise à jour: 6 novembre 2025

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Quand j’ai voulu commencer à investir en bourse en Suisse, j’ai étudié toutes les stratégies d’investissement passif: portefeuille de blue chips, portefeuille 3 fonds Bogleheads 1, lazy portfolios, stock picking, etc.

Après de longues recherches en 2014, je me suis lancé avec un portefeuille d’ETFs composé majoritairement d’ETF actions et obligations suisses et… d’ETFs actions mondiales en mode “CHF hedged”

En relisant ces lignes, je me dis que j’ai bien fait du chemin…

Je me suis même demandé à un moment si je ne devrais pas investir dans des ETFs spécialisés. Réponse courte: non!

Beaucoup de choix… et trop peu de réponses…

Puis en 2016, j’ai fini par adopter la stratégie Bogleheads, simple et efficace: ton âge en pourcentage d’obligations, et le reste en actions (une partie actions monde et l’autre en actions suisses).

Mais plus les années passaient, plus quelque chose me gênait.

Après plusieurs lectures, j’ai décidé de passer à du 100% actions pour le reste de mes jours.

Mon portefeuille d’investissement avant: Bogleheads

Après maintes tergiversations, et feedbacks de lecteurs avertis dans le domaine de l’investissement boursier, je suis parti avec un portefeuille Bogleheads à trois fonds en 2016.

La stratégie Bogleheads repose sur une allocation simple: ton âge = la partie en obligations, le reste en actions.

Par exemple, à 35 ans: 35% en obligations, 65% en actions.

L’idée derrière une telle allocation est d’être agressif avec beaucoup d’actions quand tu es jeune et en phase d’accumulation d’argent, et d’avoir moins de volatilité en vieillissant lorsque tes revenus vont peut-être diminuer avec la retraite.

Jack Bogle, père de l'investissement passif (ou indiciel), qui donnera lieu à nos chers ETFs

Jack Bogle, père de l'investissement passif (ou indiciel), qui donnera lieu à nos chers ETFs

Ce que j’aimais

Ce qui me dérangeait


En résumé, mon allocation Bogleheads typique de “65% actions et 35% obligations” apportait de la stabilité et réassurance, mais me frustrait en voyant traîner une partie de mon cash “endormi” en obligations.

N.B. je devrais plutôt dire que plus le moment approchait où je devais réellement investir en obligations (car jusqu’ici, mon 2e pilier couvrait déjà la part obligataire), moins j’arrivais à me faire à l’idée de laisser dormir de l’argent dans un ETF obligations…

Le déclic de ma nouvelle stratégie d’investissement

Mon avis a changé après la lecture d’un livre en particulier: “The Simple Path to Wealth” de JL Collins 2:

Le livre 'The Simple Path to Wealth', par JL Collins

Le livre 'The Simple Path to Wealth', par JL Collins

Et cette vidéo “The Most Controversial Paper in Finance” de Ben Felix a aussi impacté mon choix:

La logique de JL Collins est limpide: les obligations ne te protègent pas du vrai risque qui est de manquer l’opportunité de plus de rendement sur 30 voire 40 ans.

Aussi, l’âge importe moins que la phase FI dans laquelle tu te trouves (accumulation ou consommation de fortune). Car, si tu bosses jusqu’à 55 ans par choix, alors tu vas vouloir faire travailler au maximum toutes tes économies dans des actions, sachant que tu gagnes toujours de l’argent liquide (en salaire). Pas besoin d’avoir plus de 50% d’obligations durant cette période!

Concernant Ben Felix et le papier économique “Beyond the Status Quo: A Critical Assessment of Lifecycle Investment Advice”, en résumé:

Bref: je n’avais plus aucune raison de rester bridé.

Mon portefeuille d’investissement maintenant: 100% actions

J’ai donc choisi une allocation 100% actions, ultra-simple et cohérente.

Mon portefeuille actuel

ActifTickerPart
ETF MondeVT-Vanguard Total World Stock ETF100%

Pourquoi ce choix

Ce que j’assume

Les obligations peuvent avoir du bon

Petit rappel de ce qu’est une obligation si tu es nouveau sur le blog: c’est un prêt à un pays ou à une entreprise. Et donc, par définition, c’est un risque aussi (de perte, en cas de défaut de l’emprunteur). Par contre, c’est effectivement moins volatil que les actions, car les revenus (intérêts) sont connus à l’avance et les prix bougent beaucoup moins au quotidien.

Plus on vieillit, plus ça peut être dur de se dire “je retrouverai un job facilement si la bourse chute” (bien que nous, Mustachians, serons toujours actifs d’une manière ou d’une autre jusqu’à notre mort).

Alors oui, dans cette phase-là, les obligations peuvent avoir un rôle. Mais pas pour le rendement, non, uniquement pour dormir tranquille si t’as vraiment plus aucune rentrée d’argent.

Mais d’ici là, je préfère encore miser sur la créativité et la débrouillardise Mustachian plutôt que sur des obligations à taux au ras des pâquerettes (voire négatifs…)

La philosophie derrière ce changement de portefeuille

Ce n’est pas une décision impulsive, mais une évolution logique.

Au fil des années, j’ai compris que :

Comme le résume Warren Buffett dans sa lettre annuelle 2024 aux actionnaires: “Berkshire ne préférera jamais avoir des actifs liquides plutôt que de bonnes entreprises.” Autrement dit: le cash protège, mais ne fait pas grandir ta richesse.

Et c’est exactement ce que j’ai fini par réaliser: tant que je peux dormir tranquille avec la volatilité, autant laisser 100% de mon argent travailler dans les marchés productifs.

En d’autres mots: 100% actions, 100% confiance, 0% complexité.

Et quid du 2e pilier dans tout ça?

Petite précision souvent oubliée: quand tu construis ta fortune en Suisse, ton 2e pilier agit en partie comme la composante obligataire de ton patrimoine, car il est investi de façon prudente; généralement avec une faible part d’actions (souvent entre 25 et 30% selon la caisse LPP).
Tu y verses chaque mois une partie de ton salaire, et cet argent est investi de manière ultra conservatrice.
Autrement dit, même si ton portefeuille personnel est 100% actions, ta fortune globale, elle, ne l’est pas vraiment.

Ce 2e pilier “forcé” crée déjà un équilibre naturel dans ton allocation d’actifs, sans que tu aies à détenir toi-même des obligations dans ton compte titres.

Aparté: une fois FI, je transférerai tout mon 2ème pilier dans le meilleur compte libre passage, en choisissant une stratégie 100% actions mondiales. Donc oui, alors que je serai plus vieux, j’augmenterai encore notre profil de risque, pour maximiser nos rendements.

Et plus d’ETF SMIM (actions suisses) non plus du coup?!

Fini le SMIM, exactement.

Le SMIM, qui regroupe les 30 plus grandes entreprises suisses de taille moyenne (aka mid-caps, situées entre les petites PME et les géants du SMI comme Nestlé, Roche ou Novartis), ne pèse quasiment rien à l’échelle mondiale.
Pour te donner une idée: le marché suisse entier (SPI) représente environ 2% de la capitalisation boursière mondiale, et le SMIM seulement 5% de ces 2%, soit à peine 0.1% du total mondial.

Autrement dit, dans un portefeuille global comme VT, la part “naturelle” des mid-caps suisses est quasiment nulle.
Y mettre 10% de ton portefeuille, c’est comme faire une surpondération d’environ ×100 par rapport à leur poids réel dans le monde.

Et le marché suisse est:

Alors, plutôt que de “corriger” ce biais avec encore plus de Suisse, j’ai choisi la simplicité absolue:

100% actions mondiales via VT, et basta.

J’ai déjà assez de CHF dans ma vie réelle (revenus, cash, remboursements); pas besoin d’en rajouter dans mes investissements.

Et quand je serai FI (= financièrement indépendant), je garderai simplement une réserve de cash en CHF d’environ 1 an de dépenses pour couvrir les besoins de court terme.
C’est plus logique que de surpondérer artificiellement le marché suisse, ce qui n’apporterait que plus de risque, sans trop plus d’avantages à mes yeux.

Je suis conscient que je perds un peu en couverture devise (aka “hedging”) et en avantage fiscal sur les dividendes suisses, mais sur le long terme, ces différences restent marginales face aux gains de simplicité et de constance.

Ça veut dire quoi pour ton portefeuille?

Tu es peut-être encore au stade “Stratégie Bogleheads”, ou déjà tenté par le “full actions”.
Peu importe: l’important est de comprendre ton horizon, ton profil de risque et tes convictions.

Et surtout, surtout, de commencer à investir aujourd’hui! (j’ai cet article qui peut t’aider: Comment j’investirais CHF 10'000 en bourse si je débutais aujourd’hui?)

Je réitère ça ici: un portefeuille Bogleheads reste parfait pour de nombreux investisseurs. Et mille fois mieux qu’un portefeuille de stock picking.

Idem: le SMIM n’est pas mauvais en soi. Il se compose de très belles entreprises. C’est juste que, par rapport à mon analyse et compréhension de la bourse à ce jour, il ne fait plus beaucoup de sens dans mon portefeuille d’investissement.

Conclusion

Passer en mode 100% actions via mon ETF VT mondial n’est pas un saut dans le vide, c’est une évolution naturelle quand ton horizon dépasse plusieurs décennies.
Aujourd’hui, je dors mieux avec un portefeuille simple, logique et aligné avec ma philosophie Mustachian: moins de produits et moins de frais, pour plus de rendement et de liberté.

Et toi, tu restes stratégie Boglehead, ou tu rejoins le clan du 100% actions?


  1. le nom “Bogleheads” vient de Jack Bogle, fondateur de Vanguard et père de l’investissement indiciel, dont la communauté en ligne bogleheads.org promeut les principes d’investissement simple et à bas coûts. ↩︎

  2. j’ai eu la chance d’échanger avec l’auteur de “The Simple Path to Wealth”. Lis mon interview avec JL Collins, le ‘Parrain’ du mouvement FI ↩︎

  3. par exemple: l’indice FTSE Global All Cap, suivi par l’ETF VT, a perdu environ 50% de sa valeur pendant la crise financière de 2008, avant de retrouver son niveau d’avant-crise en environ 4 à 5 ans. ↩︎

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Comme d'habitude, je n'écris et ne passe en revue que ce que j'utilise dans ma vie quotidienne ou ce en quoi j'ai confiance.

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