J’ai commencé à discuter avec Laure, une lectrice du blog depuis 2021.
À l’époque, elle m’écrivait:
Je suis une “débutante de chez débutante” qui n’a jamais encore investi en bourse (blocage mental, dépenses conséquentes ces derniers mois dues à un déménagement). Est-ce que ce programme serait uniquement dirigé vers l’investissement court à moyen terme, ou traite-t-il également de l’investissement long terme tel que les 3ème piliers?
Aujourd’hui, elle a pris le contrôle de ses piliers 3a ET a commencé à investir en bourse à hauteur de CHF 20'000.
Puis, au fur et à mesure de nos discussions, j’ai appris qu’elle était aussi une personne très frugale qui vit avec un budget de CHF 30'000/an à Genève!
Je ne t’en dis pas plus pour ne pas te spoiler, mais je ne pouvais pas ne pas l’interviewer sur le blog!
Merci d’avance Laure de nous partager ton histoire inspirante!
Pourquoi je me suis lancée dans le mouvement FIRE
Je ne peux pas dire qu’il y a eu un déclic unique à l’origine de ma frugalité. C’est plutôt une combinaison d’éducation et de chance qui m’a orientée vers cette voie.
Dès mes 16-17 ans, j’ai commencé à travailler avec de petits jobs. Mes parents et grands-parents m’ont toujours conseillé d’épargner ce que je gagnais et m’ont ouvert un compte en banque. J’ai grandi dans une famille de classe moyenne soutenante: jamais on ne m’a demandé de contribuer au loyer ou à mon assurance maladie tant que je n’avais pas un véritable salaire. En revanche, certaines dépenses étaient à ma charge, comme mon abonnement téléphonique (le plus simple possible) ou mes activités personnelles (voyages, sport, sorties).
On m’a toujours appris à tenir un budget, à suivre mes dépenses et à travailler pour l’expérience plus que pour le salaire. Ça a installé en moi une vision où l’argent occupe une place importante, mais pas centrale.
Lorsque j’ai quitté le cocon familial, j’ai eu une immense chance: un appartement peu cher, en centre-ville de Genève, avec un balcon. Même en période d’inflation (COVID, guerre en Ukraine), mon loyer et mes charges sont restés stables ET beaucoup moins chers que ce que paient mes amis.
Pour l’assurance maladie, une dépense lourde en Suisse, j’ai opté pour la franchise maximale et la prime la plus basse. J’ai la chance d’être en bonne santé, que je préserve grâce au sport et à une alimentation simple (merci Aldi et Lidl). Côté extras (vêtements, voyages, sorties), j’ai des amis à l’étranger chez qui je peux loger, et je ne suis pas fashionista, donc j’achète en période de soldes… qui durent toute l’année dorénavant grâce aux boutiques en ligne!
Puis, une prise de conscience m’a poussée sur le chemin de l’indépendance financière: les débats sur les retraites, en Suisse et en France. Je n’ai aucune racine française ou un attachement particulier avec ce pays, mais la question des retraites m’interroge beaucoup. Je n’ai pas confiance en l’AVS, et je pense que ma génération partira à la retraite à 67-68 ans. Or, j’ai deux jobs physiques. Je ne me vois pas les exercer à cet âge. Je vois aussi mes collègues enseignants ou éducateurs épuisés, mais incapables de prendre une retraite anticipée faute de moyens. Je ne veux pas subir ça.
Une enfance frugale et une relation saine à l’argent
Depuis petite, je suis précautionneuse avec mes dépenses. Mon premier argent de poche, j’ai appris très vite à le gérer.
Ma famille n’était pas dépensière, et nos priorités allaient à la santé et aux voyages, qui ouvrent l’esprit. En effet, les voyages sont pour moi l’une des meilleures dépenses où on peut découvrir une nouvelle culture, ou bien aller visiter sa famille à l’étranger.
Grâce à mes grands-parents, j’ai pris très jeune l’habitude de noter “ce qui rentre et ce qui sort”. Ce petit geste a eu un impact immense: j’ai vite eu une vision claire et une prise de conscience de mes finances personnelles. Encore aujourd’hui, je trouve que c’est l’un des meilleurs conseils qu’on m’ait donnés.
Anxieuse proactive, alternant entre sports et projets
Je m’appelle donc Laure, j’ai un peu plus de 30 ans, et je vis à Genève depuis toujours. Je cumule deux emplois: l’un comme fonctionnaire à l’État, l’autre dans le milieu du sport. J’aime ma ville, son côté international, ses activités, son aéroport.
Comme mon métier le laisse deviner, je suis passionnée de sport, mais aussi de cuisine. J’adore les balades en montagne ou à la campagne, même si je suis plutôt citadine dans l’âme.
Mon parcours universitaire s’est fait sans grande conviction. J’étais scolaire, mais sans vraie vision d’avenir. Je me projetais peu.

Faire une randonnée au Salève en plein milieu de la semaine (car oui, le sport est gratuit en Suisse!)
On en parle souvent avec mes amis. On pense que notre génération a été élevée par une génération qui voyait l’Université comme un Saint-Graal au niveau de la reconnaissance sociale et salariale, mais les temps ont bien changé. Aujourd’hui, aucun de mes amis n’est à 100% satisfait de son travail et surtout des études que chacun a faites.
Côté caractère, je suis anxieuse. Je réfléchis beaucoup aux choix dans la vie et au futur de manière générale. Le climat présent depuis quelques années est lourd à gérer, donc je ne lis pas les nouvelles dans le but de me préserver. Mais je suis aussi dynamique: on me dit souvent que je suis proactive, que je lance des projets, que je mobilise. J’aime le mouvement, les défis, les idées.
Surmonter mes peurs et passer à l’action
Au fil de mes lectures sur le mouvement FIRE, j’ai compris que l’investissement était l’une des clés de voûte pour atteindre la liberté financière. Pourtant, la crise de 2008 a laissé une trace : ado à cette époque, j’ai vu mes parents en stress permanent. Ça a ancré chez moi une angoisse quant à l’investissement en général. J’ai une crainte primaire de perdre de l’argent en bourse.
En 2020‑2021, en plein COVID, j’ai découvert le blog de MP. Je lisais énormément (j’ai besoin de tout comprendre avant d’agir), mais la panique l’emportait : et si je reproduisais la même erreur que mes parents en 2008 ? Donc je n’ai pas osé. Trop peur de mal faire, de perdre en bourse. De plus, mes deux métiers m’exposent peu aux outils numériques; investir en ligne me paraissait impossible.
Aussi, c’était difficile pour moi de me projeter à ce moment-là. Je débutais dans “la vie d’adulte”. Et j’avais de nombreuses dépenses non anticipées, et ce malgré mon côté prévoyant qui se renseignait au maximum. Et tout ça, c’est sans parler du climat instable durant la pandémie. Il m’aura fallu plusieurs années pour réfléchir, observer et… voir mon épargne enfler. Trois éléments ont finalement fait basculer la balance :
- La croissance de mes économies – qui dormaient sans rendement
- La rencontre de mon compagnon, déjà investi en bourse et prêt à me soutenir
- Un environnement bienveillant, avec des amis présents et à l’écoute et sans tabous (qui ont compris et soutenu mes choix)
J’ai donc opté pour le programme personnalisé de MP (pour apprendre à investir en bourse en Suisse) afin d’avoir un accompagnement psychologique maximal, et un suivi à l’écoute de mes angoisses. Je sais que ça représente un investissement certain, mais il était particulièrement important pour moi d’avoir un soutien de la sorte, connaissant ma personnalité anxieuse.
En parallèle, j’en ai tout de suite parlé à mes amis qui m’ont soutenue à leur manière (certains en suivant le même chemin que moi et d’autres en encourageant, mais regardant ça de loin vu qu’ils ont eux-mêmes leurs propres barrières avec leur argent).
Briser le tabou de l’argent a considérablement réduit mon anxiété. Ça m’a beaucoup aidé avec mes blocages.
Grâce à ce double filet (programme + entourage), j’ai suivi chaque étape, puis cliqué sur “Acheter” chez Interactive Brokers sans trembler ni plus aucun doute, rassurée par mon coussin de sécurité et l’outil de simulation FI que MP développe avec Patrik.
Aujourd’hui, je continue d’appliquer mes stratégies anti‑stress: vérifier mon portefeuille seulement une fois par mois, ignorer les news anxiogènes, rester quasi absente des réseaux sociaux et m’entourer d’un petit cercle bienveillant.
Verdict : en suivant chaque étape du programme à la lettre, j’ai pu acheter mon premier ETF avec l’aide de Marc… et celle de mon compagnon!
Mes premiers résultats: 20'000 francs suisses investis en moins d’un an
Aujourd’hui, je peux dire que je suis fière du chemin parcouru. J’ai commencé à investir en août 2024, et j’ai déjà placé environ CHF 20'000 en bourse (en avril 2025). Mon 3e pilier est bien fourni, grâce à mes versements annuels et au transfert de mon ancien compte UBS vers VIAC. Je prévois même de faire des rachats supplémentaires l’année prochaine. Mon objectif: continuer à épargner et investir assez agressivement ces prochaines années.

J'adore apprendre de nouvelles choses, comme investir en bourse ou dans l'immobilier, mais aussi la langue de mon compagnon
Ma vie aujourd’hui: entre discipline et liberté
Ma vie reste challenging malgré les progrès psychologiques que j’ai faits. Je reste de nature anxieuse et les aléas de la vie et du marché me font toujours bondir quand je suis ça de trop près. Actuellement, j’ai compris que quand le marché baisse, c’est les soldes… J’essaie d’acheter 1x/mois en mettant une somme qui varie selon mon épargne mensuelle.
Pour moi la régularité fera la différence dans plusieurs années.
D’un point de vue investissement, nous nous questionnons également sur l’achat d’un bien immobilier à mettre à la location. J’étudie donc le cours sur l’investissement immobilier en Suisse de MP. Je sais que ça sera un travail de longue haleine et je me questionne et me stresse sur le sujet en voyant les prix à Genève ou dans la région, mais je cherche à ne pas me décourager.
Concernant ma frugalité, je cherche à rester dans mes clous, c’est-à-dire que je réalise peu de grosses dépenses à part si j’en ai réellement besoin. Par exemple, cet été nous allons au Canada voir des amis avec mon compagnon et ce sera la première fois que je ne pourrai pas loger chez des amies. Mais je ne me fais pas de soucis par rapport à ces dépenses malgré la forte inflation qu’il y a en Amérique du Nord. Je sais qu’il faut profiter de la vie et que ce mois sera un peu plus coûteux et moins conséquent niveau salaire, mais ça fait partie de la vie.
Mon budget mensuel
Concernant mon budget, j’utilise une feuille de calcul appelée “The Line”, une marque canadienne que j’ai découverte grâce à une youtubeuse qui fait des vidéos sur les finances.
J’ai découpé mes dépenses en quatre grands pôles:
- Factures
- Dépenses de tous les jours
- Investissements (pas totalisé comme dépense, mais comme investissement, mais je le note quand même dans le document)
- Économies
J’alloue un budget pouvant varier selon les mois pour chaque catégorie. Je te mets grosso modo mes dépenses pour un mois ci-dessous.
Factures mensuelles:
- Loyer: 200.- (loyer partagé avec mon copain, qui gagne très bien sa vie, donc il en paye la plus grande partie et ce, même si le loyer est vraiment bas pour le marché genevois)
- Assurance maladie: 460.- avec la franchise la plus haute chez Helsana (j’ai une bonne santé pour le moment, donc ça me suffit)
- Abonnement de natel: 20.- (chez Wingo, tout illimité en Suisse, vraiment un excellent rapport qualité prix)
- Serafe: mon compagnon prend en charge cette dépense
- Total annuel = 680 x 12 = CHF 8'160
Dépenses de tous les jours (montant par mois):
- Courses: 240.-
- Restaurant: 120.-
- Drinks: 10.-
- Cafés: 10.-
- Electricité: 0.- (mon compagnon prend en charge cette dépense)
- Vêtements: 20.- (je n’ai pas encore acheté de vêtement cette année, et on est début juillet)
- Self-Care (sport et/ou coiffeur): 120.-
- Maison: 50.-
- Loisirs: 30.-
- Développement professionnel: 0.- (j’ai la chance que mon employeur investit énormément dans mon éducation)
- Santé: 120.-
- Cadeaux: 80.- (j’anticipe toujours les cadeaux d’anniversaire ou de Noël)
- Transports: 0.- (mon employeur paye mon abonnement de transport public)
- Total annuel = 800 x 12 = CHF 9'600
Investissements mensuels
- 3ème Pilier VIAC: 605.-
- Interactive Brokers: 1'000.-
- Total annuel = 1'605 x 12 = CHF 19'260
Économies mensuelles pour mes projets
- Voyages: 800.-/mois (j’ai eu une belle augmentation salariale, donc je vais essayer de m’y tenir vu que c’est quelque chose que j’aime et qui me tient à coeur)
- Total annuel = 800 x 12 = CHF 9'600
Sans compter les investissements, voici ce que ça donne niveau dépenses totales:
- Budget total mensuel: CHF 2'280
- Budget total annuel: CHF 27'360
Mot de la fin
Il faut réellement banaliser les discussions d’argent en Suisse. Ça permet de se rendre compte des trajectoires financières de chacun, de s’aiguiller, de s’appuyer et donc de passer outre les blocages psychologiques avec le temps.
Notes de MP
Éducation financière
Comme Laure, je suis tellement reconnaissant d’avoir eu la chance que mes parents m’éduquent au sujet de l’argent. Le simple fait de noter toutes mes économies dans un carnet d’épargne (que de souvenir!), ne pas dépenser tout ce qu’on gagne, et encore moins de vivre au-dessus de ses moyens. De comprendre par l’apprentissage que l’argent ne tombe pas du ciel…
C’est aussi une des raisons pourquoi j’écris ce blog: pour partager ce savoir aux personnes qui n’ont pas eu la chance de l’avoir via leurs parents.
Investir en bourse: fonce!
Relire l’histoire de Laure avec ses peurs et doutes quant à placer son argent en bourse, ça m’a fait remonter tellement de souvenirs…
Je me rappelle la première fois où je suis tombé sur le blog de Mr. Money Mustache (MMM), et d’avoir eu un gros shoot d’inspiration. Shoot qui est retombé très vite quand j’ai réalisé que tout ce qu’il disait était fait pour les US… Quel courtier en ligne choisir, dans quels ETFs investir en Suisse, etc.
Puis, j’ai lu un autre article de MMM qui parlait qu’investir était la clé de voûte si on voulait devenir FIRE. Et puis un autre blogpost.
Les mois passèrent. Jusqu’à ce qu’un week-end, je me motive à enfin me lancer en bourse!! Bon, avec le mauvais courtier et avec les mauvais ETFs, mais bon, au moins, j’ai avancé! Et aujourd’hui, je ne suis plus si loin d’avoir 1 million de francs suisses d’investis!
Donc: n’attends pas, et lance-toi. Car les infos sont là, c’est surtout de sa propre psychologie dont il faut s’occuper. Et je rejoins Laure là-dessus aussi, de bien savoir s’entourer pour ne pas se sentir seul durant les moments de stress (ouverture de compte, achat premier ETF, lorsque la bourse dévisse, etc.)
D’ailleurs, si tu veux tester sans risque le courtier que j’utilise, j’ai deux “Challenges” (gratuits) pour toi:
C'est le courtier en ligne que j'utilise personnellement pour toute ma fortune investie en bourse, basé aux US.
C'est le meilleur courtier basé en Suisse que je recommande, si ce point est important pour toi.
Ça fait plaisir de reparler de budget et de frugalité!
Ça m’avait manqué de ne pas parler d’intentionnalité budgétaire.
Si jamais c’est ton cas aussi, laisse-moi le savoir via les commentaires ou en répondant à n’importe laquelle des newsletters, et j’essaierai de planifier plus d’articles de ce genre dans les mois à venir.
Ah, et avant que j’oublie… parlons des “OuiMais”…
OUI, elle est frugale sur le papier… MAIS en vrai, c’est son compagnon qui aide pour ça, et la chance d’avoir trouvé un loyer bas à Genève!
Cher M. OuiMais: tu as tout à fait raison que ses circonstances de vie participent à sa frugalité. Sache ensuite que Laure en est très consciente; elle me disait: “J’ai bien conscience que tout Suisse n’arrivera pas à avoir un loyer aussi bas que le mien, avec une qualité de logement que j’ai. Je me rends compte que je suis une minorité à Genève, et que le facteur chance a énormément joué là-dedans.”
Et surtout, d’autre part: même si tu ajoutes un Serafe à deux (= 335.- par an divisé par 2 = 167.50), et la moitié de l’électricité (= 180.- par an = 90.- pour Laure), et la moitié de son loyer (= 1'500.- par mois divisé par 2 = 750.-), alors son budget annuel de CHF 34'217.50 reste tout de même très (très) correct.
Pour les curieux: son appartement est un 4 pièces (75m2) avec balcon à CHF 1'500 dans Genève! Bravo à elle d’avoir déniché une telle perle. 👏
Donc plutôt que de te trouver des excuses, regarde plutôt ses postes de dépenses dont tu pourrais t’inspirer pour plus de frugalité dans ta vie.
Et toi, que retiens-tu de cette histoire de Laure? Qu’est-ce qui t’a inspiré?