Investir ETFs ESG, greenwashing pour investisseur privé?

Dernière mise à jour: January 04, 2022

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Je suis récemment tombé sur l’étude “Désinvestir: pour quel impact?” écrite par Jean-Pierre Danthine et Florence Hugard, membres du consortium “Enterprise for Society”, réunissant l’HEC Lausanne, l’IMD, et l’EPFL.

Le but du papier est d’évaluer l’impact réalisé lorsqu’on décide de se désinvestir de certaines sociétés ne satisfaisant pas à des critères ESG. Sociétés jugées comme “mauvais élèves”.

“Est-ce qu’investir dans des ETFs ESG n’est pas une forme de greenwashing pour investisseur privé?” me suis-je demandé après l’avoir lue…

C’est ce que semble confirmer cette étude:

“L’exclusion des entreprises répréhensibles par les investisseurs viserait deux objectifs principaux: d’une part, altérer les pratiques de l’entreprise en la sevrant de financement et en renforçant le mouvement de stigmatisation, et d’autre part, diminuer les risques et d’améliorer la performance du portefeuille de l’investisseur.

L’efficacité de l’exclusion, notamment à travers les incitations managériales et la stigmatisation, semble limitée, variable et fonction de différents facteurs. Deux conditions sont essentielles au fonctionnement de ces deux premiers canaux: il faut que d’une part, que l’investisseur déclare publiquement son intention de désinvestir et, d’autre part, que le montant désinvesti soit assez, voire très important. Ces deux conditions sont nécessaires pour créer une pression suffisante sur les prix laquelle pourrait inciter la direction à améliorer les pratiques de l’entreprise et sensibiliser les parties prenantes.”

Le rapport conclut:

  1. “La finance n’est pas toute puissante. Avoir un impact sur l’économie réel, notamment en désinvestissant, demande du discernement.
  2. Il est essentiel de faire la distinction entre marchés primaires et secondaires. L’exclusion devrait ainsi particulièrement se focaliser sur les marchés primaires et obligataires.
  3. Une analyse ESG plus poussée et dynamique est indiquée en préalable à une éventuelle décision d’exclusion, balançant impact environnemental et social et récompensant les bonnes attitudes et stratégies d’améliorations.
  4. Les perspectives d’impact sont bien meilleures avec les stratégies d’engagement actionnarial. Au lieu de juger la durabilité d’un portefeuille par son score ESG ou son empreinte carbone actuelle, il serait plus judicieux de considérer ses dispositions à changer l’économie de demain.”

J’explore personnellement de plus en plus à l’investissement à impact. Et je trouve intéressant de prendre prendre conscience que pour avoir de l’impact, il ne faut pas voir le monde en noir ou en blanc. Car par exemple, mieux vaut faire de l’actionnariat actif et faire changer un gros mastodonte ne serait-ce que de deux pourcents (i.e. impliquant le comportement de milliers d’employé.e.s), plutôt que de l’exclure en pensant que ça va l’effacer du monde en un claquement de doigts…

D’où ma question initiale: est-ce qu’investir dans des ETFs ESG à stratégie d’exclusion ne sert en fait que la conscience de l’investisseur (et les frais des fonds un peu plus cher pour payer les analystes)?

J’ai plaisir à discuter et à challenger le status quo sur ce genre de sujets. Tu peux argumenter ton opinion — de manière constructive comme d’habitude! — dans la section des commentaires ci-dessous.


PS: si ce genre de sujet t’intéresse, je te recommande cet article “Consommateurs ou investisseurs, qui a le (vrai) pouvoir de changer le monde?” que j’ai écrit il y a quelques mois

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